Au Tchad, la question du transport interurbain demeure une préoccupation majeure. Pour tenter de pallier ce problème, un groupe des jeunes opérateurs économiques tchadiens, avec l’appui de quelques institutions financières telles que la Banque commerciale du Chari, a décidé de lancer une compagnie aérienne privée de transport de passagers pour desservir différentes villes du Tchad comme Amdjaras, Sarh, Abéché et autres. Son premier vol a eu lieu au début de ce mois de novembre à Ndjamena.
Voyager coûte de plus en plus cher. En transport public avec le bus, l’aller-retour Ndjamena-Abéché a par exemple presque doublé depuis la crise du Covid, passant de 40 000 à 70 000 FCFA. Pour éviter ces augmentations et les longs trajets sur de mauvaises routes, certains passagers préfèrent voyager par la voie aérienne. Christophe revient d’Abéché à bord de la nouvelle compagnie Royal Airways. Il indique avoir payé 78 000 FCFA. Pour à peine plus qu’un trajet par la route, il s’est épargné une journée entière sur les routes cabossées : « En quelques minutes, je suis allé gérer mes activités et puis je suis rentré, c’est vraiment avantageux. Quand je prenais la route, j’ai toujours eu des problèmes, de plus ça coute cher. »
Le directeur de cette nouvelle compagnie aérienne n’est autre que l’ancien patron de l’aviation civile au Tchad. Brahim Dadi s’est lancé dans l’aventure avec cinq appareils : « Notre pays est très vaste. Il y a des régions inaccessibles pendant une saison et d’autres difficilement accessibles par la route. Nous avons un seul credo, c’est satisfaire nos clients : partir à l’heure et partir même si ce n’est qu’avec deux passagers.
Une compagnie aérienne à fonds privés
Par le passé, d’autres compagnies aériennes ont proposé des vols internes. Air Tchad, Toumaï, Tchadia Airlines. Des expériences qui n’ont pas fait long feu à cause de la mauvaise gestion et des ingérences politiques. Mais Brahim Dadi n’entend pas répéter les mêmes erreurs. « D’abord, nous sommes partis sur la base des échecs tirés des compagnies aériennes disparues. Le premier facteur qui a fait que ces compagnies aériennes ont coulé, c’est à cause de la contribution de l’État. Nous, nous avons voulu créer une compagnie à capitaux totalement privés pour se départir de l’influence politique qui fait que les compagnies ne puissent plus résister », explique-t-il.
Le conseiller à la présidence Ali Abderaman Haggar estime que toutes les conditions administratives et techniques sont réunies pour permettre à cette nouvelle compagnie – soutenue par les autorités de la transition – de satisfaire les voyageurs. Même si cet observateur averti soulève des défis persistants dans le domaine du transport aérien tels que les approvisionnements en carburants et surtout la ponctualité et la garantie d’assurer le transport sur une longue période.