Pour faciliter le commerce transfrontalier entre ses 21 membres, la zone Comesa – le marché commun d’Afrique australe et orientale – met en place des infrastructures de paiement électronique. Le but : sécuriser les paiements, minimiser les coûts et faciliter les transactions pour les micros, petites et moyennes entreprises. En attendant le lancement d’une plateforme dédiée, prévue l’année prochaine, un projet pilote vient d’être dévoilé à Maurice.
La démonstration du système de paiement en ligne du Comesa s’est déroulée devant une cinquantaine d’entrepreneurs mauriciens triés sur le volet. Ils ont pu découvrir les avantages de ce système, très favorable en termes de coût, comme l’a souligné le directeur des opérations du Comesa Business Council, Jonathan Pinifolo.
« Cette plateforme de paiement se distingue par son faible coût », prévient Jonathan Pinifolo. « Peu importe le montant d’une transaction, il en coûtera seulement un dollar pour effectuer ou recevoir un paiement. Ce qui n’est pas le cas en ce moment. »
Le projet pilote a été lancé en septembre dernier au Malawi. Le portail de paiement en ligne devrait être actif à partir de la mi-2024, avec la participation de 8 pays sur les 21 que compte la zone, à savoir la Zambie, le Malawi, le Kenya, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Rwanda et Maurice.
400 millions de personnes en Afrique exclus du système financier formel
À Maurice, la Chambre de commerce et d’industrie encourage ses membres à se positionner. « Les chiffres du commerce intra-Comesa sont encore très très faibles. 80 % du marché reste à prendre », indique Namita Jagarnath Hardowar, présidente de la MCCI.
Le Comesa estime que 400 millions d’adultes en Afrique sont exclus du système financier formel, ce qui signifie que plus de la moitié des adultes africains effectuent des opérations en espèces. Un service de paiement numérique fiable et fluide est plébiscité par les entrepreneurs, à l’image de Clara Calou, spécialiste des normes de qualité ISO.
« Il y a certainement une attente de mettre les chances de notre côté, de pouvoir échanger. Et cette plateforme-là va beaucoup nous aider », dit Clara Calou. À la question de savoir si elle fait des affaires avec l’Afrique, elle répond : « J’ai des partenaires en Afrique, je fais du service-conseil, je fais des formations et avec mes partenaires, on est en train de s’aligner, et bien sûr l’argent va suivre. »
Intégrer les devises africaines
Le portefeuille numérique permettra aux utilisateurs de stocker, gérer et effectuer des transactions financières en ligne. Les infrastructures numériques englobent les banques commerciales, les opérateurs de téléphonie mobile et des sociétés de la FinTech.
Le modèle a convaincu Rima Ramsarun, l’ex-présidente de l’Association mauricienne des femmes chefs d’entreprises, mais elle souhaite un pas de plus. « Le système de paiement en ligne est un système très intéressant, mais il faudrait aussi dépasser notre attachement aux devises comme l’euro ou le dollar, parce que nous perdons avec le taux de change », déclare Rima Ramsarun.
Les Banques centrales du Comesa travaillent à l’intégration des devises africaines dans le système et prévoient des consultations le mois prochain pour harmoniser les protocoles de paiement numériques transfrontaliers.