La Côte d’Ivoire ne produit que 1,2 million de tonnes de riz blanchi par an, pour un besoin évalué à 2 millions de tonnes. Un manque qu’elle doit combler par les importations. Dans les prochaines années, les acteurs publics et privés de la filière espèrent atteindre l’autosuffisance, mais les obstacles sont encore nombreux.
« Ici, nous avons différentes variétés. Le Basmati, le Bouaké, le CB1 qui est le riz diabétique, qu’on appelle riz noir ou bien riz violet. »
Il y en a pour tous les goûts… Grands amateurs de riz, les Ivoiriens en consomment en moyenne 84 kg par habitant et par an. Avec une appétence particulière pour le grain local, explique Mama Dosso, épouse Ohouo, transformatrice et vendeuse de riz assaisonné.
« Le consommateur ivoirien sait que le riz local est un très bon riz. Parfumé de nature, selon les saisons, et bon à consommer. Le riz local, c’est un riz de saison. C’est du riz naturel, pas du riz qui dure sur les bateaux… C’est du riz frais tout le temps. »
Un besoin de modernisation de la production
La demande est là, mais l’offre ne suit pas… Pour augmenter le rendement, les acteurs de la filière préconisent, en priorité, de moderniser la production. Yacouba Dembélé, le directeur général de l’Agence pour le Développement de la Filière Riz, l’Aderiz, met en avant le modèle indien.
« L’Inde est passée d’un pays importateur de riz à un pays exportateur de riz, grâce à son système de mécanisation. Donc c’est ce que nous avons développé chez nous. Qu’avons-nous fait ? Nous avons incité les jeunes à créer des PME, nous les avons formés et nous les avons équipés. Ce sont ces jeunes qui font de la prestation de service. Quand le paysan a besoin de faire son labour, il peut faire appel à un prestataire qui vient faire son labour et il le paie à la récolte. Grâce à ça, alors que nous étions depuis des années à 4 % de mécanisation, aujourd’hui, en l’espace de deux ans, nous sommes passés à 15 % de mécanisation. »
Des sols de plus en plus dégradés
Selon les chiffres d’Aderiz, l’État ivoirien a distribué à ces PME 3 milliards de francs CFA de machines agricoles et investit aussi dans des usines de transformation. Mais les producteurs doivent compter avec d’autres obstacles, liés à la dégradation des sols et au changement climatique. C’est ce à quoi tente de remédier le Centre National de Recherche Agronomique (CNRA). Le Dr. Kouakou Amani Michel est le directeur général adjoint du CNRA.
« Le couvert forestier ivoirien est fortement détruit, donc les jachères deviennent de moins en moins longues, donc les sols s’appauvrissent. Il faut donc régénérer les sols. Nous avons aussi les maladies. En lien au changement climatique, de nouvelles maladies apparaissent. Le CNRA doit lutter contre ces nouvelles maladies. Il y a une maladie traditionnelle qui est la panachure jaune. Le CNRA a mis au point des variétés qui sont résistantes à la panachure jaune. »
D’ici à la fin de l’année, la Côte d’Ivoire espère être en mesure de produire 4 200 tonnes de semence. Elle ambitionne à terme d’atteindre les 6 000 tonnes annuelles pour pouvoir également ravitailler la sous-région.