En Ouganda, pays producteur de bananes, de petites entreprises recyclent les déchets qui s’accumulent après la récolte. Les fibres contenues dans la tige des bananiers peuvent donner naissance à de nombreux produits dérivés. Mais ces initiatives créatrices de valeur ajoutée restent isolées.
Après la récolte, les tiges des feuilles de bananiers sont souvent délaissées dans le champ, jusqu’à ce qu’elles pourrissent et se décomposent. Pourtant, cette partie de la plante contient des fibres résistantes qui, une fois extraites, peuvent être utilisées dans la fabrication d’objets du quotidien.
Juliet Kakwerre Tumusiime a flairé le potentiel de ces fibres de bananes, récoltées lorsque la plante est encore verte : elle les transforme en cheveux, utilisés pour les extensions de sa marque, Cheveux Organic. L’entrepreneuse détaille le processus : « On passe par un processus d’extraction, qui permet d’enlever toute l’eau contenue dans la tige, pour qu’il ne reste que la fibre. Puis, il y a des étapes pour la traiter et la transformer en cheveux. »
Une qualité… qui a un coût
La transformation artisanale des fibres de bananiers est notamment répandue en Inde. Une manière de préserver l’environnement, car les extensions classiques, en plastique, polluent énormément.
Mais ce produit recyclé a un prix : « Ces cheveux respectent l’environnement, ils sont biodégradables, ils ne grattent pas, ils ne sentent pas mauvais, et on peut les coiffer comme n’importe quel autre type de cheveux. En termes de coût, pour l’instant, ils sont assez chers… C’est un produit de luxe… Mais notre coût de production est assez élevé, car nous ne sommes pas entièrement mécanisés. »
Une première étape est de faire connaître les bénéfices de l’économie circulaire. Jane Nalunga, analyste pour Seatini Uganda, décrit un cercle vertueux : « Les fermiers qui produisent de la banane peuvent obtenir un revenu supplémentaire grâce à la vente des tiges – et les produits qui en sont issus font partie de l’économie. »
Une économie durable et complémentaire
Mais faute de capitaux, la production à la main reste modeste. À la tête de TextFad, Kimani Muturi rêve d’importer des machines pour fabriquer du tissu et de la laine de fibres de banane en plus grande quantité : « J’ai réalisé qu’il y avait une pénurie de matériaux pour la production de textile. Donc, nous nous sommes lancés dans une recherche sur les différents types de fibres qui pourraient nous servir de matière première… et la fibre de bananier correspondait parfaitement. Tant que les Ougandais produisent de la banane et que c’est l’un de leurs aliments de base, c’est le matériau le plus durable à utiliser et à commercialiser à travers différents produits. »
La soie du bananier pourrait être une piste pour la production textile locale, au moment où l’Ouganda a décidé d’interdire à son tour les importations de vêtements de seconde main sur son territoire.