À première vue, rien ne laisse deviner à quoi servent les bassins d’eau de différentes tailles disposés dans plusieurs pièces. Dans une ferme au bord de la lagune de Bizerte, Ahmed Malek et les cofondateurs de la start-up Tunisia Baits expérimentent l’élevage de vers marins. « Depuis la nuit des temps, les pêcheurs pêchent avec les vers marins, c’est un des aliments les plus appréciés des poissons et tous les pêcheurs cherchent à attraper les poissons avec les vers », explique Ahmed Malek.
Une méthode qui nécessite beaucoup de minutie et de savoir-faire, car il faut recréer le cycle de reproduction de ces vers et bien contrôler les œufs et leur éclosion. Tunisia Baits fait partie des six fermes dans le monde à s’être aventurée dans l’élevage de ces espèces.
Sept ans de recherches
« Il n’y a que des difficultés, parce qu’il fallait identifier les mâles et les femelles, il fallait comprendre le cycle de reproduction, il fallait déterminer les meilleures conditions d’élevage. Comment stimuler la reproduction, comment stimuler la croissance des larves, qu’est-ce qu’ils mangent ? On n’avait pas de données, donc ça nous a pris à peu près sept ans de recherches pour identifier tous ces paramètres », poursuit Ahmed Malek.
L’idée de la start-up est née après que ses fondateurs, spécialisés au départ dans l’export de vers, eurent remarqué la difficulté à récolter des vers marins dans leur habitat naturel, menacé par la pollution et la surpêche… « Au fil des années, on a remarqué que le nombre de pêcheurs ne cessait d’augmenter et la quantité des vers commençait à diminuer et le prix des vers a augmenté en dix ans de trois fois. »
Une croissance fragile, mais un secteur prometteur
Mais pour cette start-up, encore à sa phase de démarrage, les difficultés ont été aussi de trouver des investisseurs confiants dans ce processus de longue haleine, selon Emel Tounsi directrice de l’association Réseau entreprendre en Tunisie qui a octroyé un prêt de 10 000 euros pour les débuts : « Certains projets n’ont pas toutes leurs chances dans le circuit classique de financement quand (les entreprises) vont voir les banques de la place par exemple. Il y a certains secteurs qui sont favorisés, d’autres un peu moins. Donc, nous avons choisi d’investir dans des projets que l’on croit à fort potentiel et qui ont une certaine valeur ajoutée. C’est encore mieux s’il y a de l’environnement dedans. »
Tunisia Baits est aussi soutenu financièrement par l’Agence française de développement. La start-up va commercialiser ses vers marins au printemps 2023 et déménager dans une ferme plus grande pour accroître sa production.