Après avoir baissé pendant un an, le prix des engrais s’est stabilisé avant l’été et se maintient depuis grâce à une forte demande indienne.
Sans les commandes indiennes, le marché continuerait probablement à flancher. Car la demande est toujours aussi atone. « Partout, l’incertitude économique pèse sur les clients, qui ont du mal à se financer, et préfèrent souvent limiter leurs achats au strict minimum », explique un négociant. Partout, sauf en Inde, où le calendrier électoral bouscule les habitudes.
Dans la perspective des élections de l’année prochaine, le pays multiplie les commandes, pour s’assurer qu’il y aura bien de l’engrais dans les campagnes. Un nouvel appel d’offres publié il y a dix jours pourrait porter, selon les estimations du marché, sur un million et demi, voire deux millions de tonnes d’urée. « Un volume considérable qui devrait sauver les fabricants d’engrais et les aider à écouler leurs stocks », ajoute notre interlocuteur.
Interrogations sur les exportations chinoises
Cette demande indienne, unique dans le paysage actuel, permet aux prix de ne plus chuter. La Chine entretient aussi cette tendance. L’Empire du Milieu entre dans sa période de consommation d’engrais, et pour protéger son marché intérieur, il met en place un système de licence d’exportation pour limiter les flux.
Le DAP, l’engrais phosphaté le plus répandu, est toujours exporté de Chine, mais au compte-gouttes. Idem pour l’urée : les freins à l’exportation, qui avaient été levés en avril dernier, ont été réactivés. Résultat, difficile de dire aujourd’hui si les fournisseurs chinois répondront au dernier appel d’offres indien, ou s’ils feront le choix de la prudence par peur de ne pas obtenir de droit à l’exportation.
Un marché plutôt « équilibré »
Les facteurs de tension existent donc et expliquent la remontée du prix des engrais phosphatés qui atteint quasiment 600 dollars la tonne – coût et fret compris pour une livraison en Inde –, alors qu’il était descendu à 445 dollars, au mois de juin.
Mais ce n’est pas pour autant qu’un gros mouvement à la hausse se profile, estime un expert du secteur, car « le marché reste globalement assez équilibré », explique-t-il, « sans stress sur l’offre et avec une offre pour l’instant adaptée à la demande ».