Découverte en 2008 au nord de l’Éthiopie, l’opale a vite propulsé le pays au rang de deuxième exportateur mondial. Un commerce qui a généré 2,6 millions de dollars en 2021. Mais ce n’est rien comparé à ce que l’opale pourrait générer si elle était encore mieux exploitée. Le manque de politique et de cadre juridique approprié, de main-d’œuvre qualifiée, d’investissements privés et de promotion du marché à l’échelle locale et mondiale a entravé la croissance du secteur. Par Clothilde Hazard
Au milieu des paysages spectaculaires du Wello, de jeunes hommes progressent sur les flancs escarpés des montagnes. Après avoir repéré un filon, ils s’activent à coups de pioche et creusent un tunnel profond. Sans équipement, pas de casque, ni d’oxygène malgré la chaleur et l’altitude.
« C’est très dangereux : quand il y a des effondrements, cela peut tuer beaucoup de mineurs. Parce qu’ils n’ont pas de protection. Parfois, quand les pierres tombent, ils sont coincés dans le tunnel. Quand tu fais ce travail, tu risques ta vie », alerte Berihun Abere, inspecteur du travail dans ce secteur.
Les méthodes sont rudimentaires. L’opale ainsi extraite est de petite taille, souvent mélangée à de la roche et donc de moins bonne qualité. Les mineurs sont organisés en coopérative et vendent collectivement leurs opales. Il faut ensuite les polir pour révéler leurs couleurs.
Metasebia Asfaw vend 30 euros le carat, soit 150 euros le gramme. « Il y a plusieurs sortes d’opale en Éthiopie, l’opale cristal, l’opale noire, la rouge, la fire… », décrit Metasebia Asfaw, qui tient à souligner : « Plus elles sont colorées et plus elles sont précieuses. Après le polissage, elle est prête à être vendue et son prix est fixé en fonction de la couleur, la forme et la taille. »
Former pour mieux mettre en valeur l’opale
Pour pouvoir vendre la pierre à son juste prix, il faut savoir la mettre en valeur et reconnaître sa qualité. Une compétence encore trop peu répandue dans le pays. La World Gem Foundation, organisme de formation en gemmologie, lance en partenariat avec le ministère des Mines un programme pour que les Éthiopiens puissent mieux tirer parti des pierres précieuses et semi-précieuses présentes dans leur sol, l’opale, mais aussi le rubis et l’émeraude.
« Le principal problème, c’est le manque de connaissances et nous essayons d’y remédier », pointe Haimanot Sisay, la directrice du projet. « Ces ressources sont limitées et nous devrions savoir comment les gérer et en tirer un bénéfice économique. Nous éduquons les gens et je pense qu’après six mois, cela va changer la dynamique du secteur. »
Aujourd’hui, les pierres précieuses éthiopiennes sont souvent vendues brutes à prix cassés, principalement en Chine ou en Inde. Ce programme doit former 1 000 gemmologistes en dix ans pour se réapproprier le marché.