La guerre en Ukraine a provoqué une flambée des cours du baril du pétrole. Une flambée qui profite aux pays producteurs d’or noir. C’est le cas du Gabon qui a revu son budget 2022 à la hausse grâce à la pluie des pétrodollars. Que fera le pays de son surplus pétrolier ? Il y a un désaccord entre le FMI et le gouvernement sur l’affectation de ce bonus pétrolier.
La semaine dernière, le gouvernement gabonais a adopté un projet de loi de finances rectificatives. D’après les prévisions, le Gabon engrangera 314 milliards de francs CFA de surplus pétrolier en 2022.
Au terme d’une mission d’évaluation du programme de trois ans conclu avec le Gabon, Boileau Yeyinou Loko, chef de la délégation du FMI, a fortement suggéré au Gabon de consacrer cette manne à l’investissement. « Le pétrole n’est pas là pour rester tout le temps. À un moment donné, le pétrole va partir. Et donc il est important que ces ressources additionnelles qu’on utilise partout pour les subventions. Notre recommandation, c’est qu’il faut utiliser une partie de ces ressources pour développer l’économie », a-t-il déclaré.
Plus de transparence demandée dans le secteur pétrolier
Le gouvernement s’est dit réceptif, mais face à la détresse des populations, l’État est obligé d’opérer des choix, rétorque Alain Claude Bilie-By-Nze, porte-parole du gouvernement. « Il y a l’intérêt pour nous d’investir dans les infrastructures, comme le recommande le FMI. Mais dans le même temps, nous devons tenir compte de la flambée mondiale des prix qui amène la plupart des États dans le monde à subventionner, explique-t-il. Dans notre loi de finances rectificatives 2022, le Gabon entend effectivement accompagner les infrastructures. Mais dans le même temps, nous allons continuer à soutenir un certain nombre de prix pour soulager les ménages. Ce sera le cas du pétrole, de l’essence et du gasoil à la pompe, mais aussi de la farine afin de maîtriser le prix du pain sur le marché national. »
Le FMI recommande aussi plus de transparence dans le secteur pétrolier. Une recommandation qui réjouit Guy René Mombo Lembomba, membre de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). « Le FMI est un partenaire clé du Gabon, qui ne fait que rappeler les engagements pris par notre pays. Il faut rappeler que le Gabon a réintégré l’ITIE depuis le 21 octobre 2021. Les sociétés extractives, pétrole et mines, sont parties prenantes. Mais nous ne percevons pas encore leur pleine coopération. »
Au Gabon, la bonne santé de l’économie dépend des revenus du pétrole dont la production continue de dégringoler depuis la fin des années 90.