C’est l’un des métaux clé de la transition énergétique : le manganèse, utilisé dans les batteries de voitures électriques notamment. Le Gabon en est le deuxième producteur mondial, derrière l’Afrique du Sud, et a doublé sa production depuis quatre ans. L’entreprise française Eramet, qui exploite là-bas la plus grande mine de manganèse du monde en collaboration avec l’État gabonais, a annoncé le 12 novembre qu’elle prévoit d’extraire 20% de métal en plus à horizon 2026.
Vue du ciel, la mine de Moanda, la plus grande mine de manganèse au monde, ressemble à une étendue noire au milieu de la verdure. Le site est exploité par une filiale d’Eramet, la Comilog, dont l’État gabonais est aussi actionnaire. La production de cette mine a presque doublé en quatre ans et va encore augmenter de 20 % environ d’ici à 2026, pour atteindre huit millions et demi de tonnes par an.
Pour cela, il a fallu agrandir la mine, mais surtout investir dans le Transgabonais, l’unique ligne de train du pays.« Nous gérons également le train qui permet de transporter le minerai de la mine, qui se situe près de la frontière du Congo, jusqu’à la mer. Il transporte aussi des voyageurs et du fret. Nous avons beaucoup investi et plus que doublé sa capacité sur les quatre dernières années. Mais nous devons continuer à investir significativement », explique Christel Bories, la patronne d’Eramet.
L’entreprise n’a toutefois pas dévoilé le montant précis des travaux engagés ou à venir : « C’est une voie qui n’était pas faite pour transporter du minerai avant. Elle transporte aujourd’hui le nôtre et celui de nos concurrents. On a des investissements qui sont encore significatifs sur les prochaines années, on parle de plusieurs centaines de millions d’euros ».
L’activité minière représente 30% des exportations du Gabon
Si le Gabon produit plus de manganèse, ce n’est pas seulement à cause de l’essor des voitures électriques, explique Aloys d’Harambure, directeur exécutif de l’Institut international du manganèse : « Cette hausse de la production au Gabon est en partie liée à l’augmentation de la demande mondiale de manganèse, notamment pour les batteries de voitures électriques. Mais c’est aussi parce que dans une période où l’énergie est chère partout dans le monde, il y a un avantage pour les utilisateurs de minerai de manganèse à avoir du minerai à haute teneur en manganèse. Car cela permet de réduire la consommation d’électricité. Or quand on produit des alliages de manganèse, l’électricité est le premier coût ».
Du manganèse à haute teneur, très recherché pour fabriquer de l’acier plus résistant, c’est justement ce que l’on trouve au Gabon. L’activité minière représente aujourd’hui près de 30% des exportations gabonaises, derrière le pétrole.
Après le coup d’État de ce mois d’août contre Ali Bongo, l’ONG Croissance saine et environnement, que nous avons contactée, appelle à redéfinir la répartition des richesses minières pour qu’elles profitent davantage aux habitants. Son directeur Nicaise Moulombi espère des avancées sur ce point lors du dialogue national promis par le président de la transition, Brice Oligui Nguema, à partir d’avril prochain.