En construction depuis 2019 et financé par un prêt souverain de 90M d’euros de l’Agence française de développement (AFD), le grand marché de Bouaké devrait ouvrir ses portes au dernier trimestre 2024, 26 ans après l’incendie qui a ravagé l’ancien marché et qui a fait la renommée de la ville. Situé à mi-chemin entre le Sahel et la zone côtière, le nouveau complexe deviendra le plus grand marché couvert d’Afrique de l’Ouest. La complexe phase de commercialisation a commencé le 5 avril 2022, et doit se poursuivre jusqu’à la fin de l’année. 76% des 7 827 emplacements ont déjà trouvé preneur, mais Bouaké compte 15 000 commerçants et tout le monde n’aura pas sa place.
Malgré les travaux en cours, ce terrain de 12 hectares au centre de la ville paraît encore calme. Dans quelques mois, près de 8 000 commerçants et des dizaines de milliers de clients sillonneront les allées de ce marché impressionnant divisé en 5 blocs. Maatoug Ben Amer tient en main le plan des lieux, il est chef de mission contrôle de groupement des travaux. « Nous sommes maintenant sur le bloc 3 et on va se diriger vers le bloc 1. Là où les travaux sont plus avancés. On va voir les travaux de la charpente métallique qui sont achevés avec la toiture, la totalité, c’est achevé, mais aussi les allées avec le pavage, la toiture des boutiques, avec les travaux d’électricité. Et y a une évolution », dit-il.
« Tout le monde n’aura pas de place au niveau du grand marché de Bouaké »
À ce jour, les commerçants sont installés dans les rues adjacentes au site de construction, rendant la circulation difficile dans les rues de Bouaké. Ils seront délogés après l’ouverture du grand marché. Ainsi, tout le monde cherche à acquérir une place dans le grand marché, indique Jean-Michel Konan Attien, chargé du volet commercialisation à la municipalité. « Dans tous les cas, nous avons un environ 8 000 places au niveau du grand marché, il y a plus de 15 000 commerçants à Bouaké. Il va sans dire que tout le monde n’aura pas de place au niveau du grand marché de Bouaké. Je pense que c’est dans ce cadre que depuis un certain temps, la mairie est en train de réhabiliter ou de reconstruire certains marchés périphériques pour que certains commerçants qui n’auront pas la place au niveau du grand marché puissent aller dans un de ces marchés de proximité là pour pouvoir avoir aussi des places ».
Avant loyer, il faut débourser entre 350 000 francs et 6 millions de francs de pas-de-porte pour pouvoir s’installer dans un magasin en fonction de sa taille et de son emplacement. Une somme que cette commerçante de vivriers secs ne peut actuellement pas débourser : « J’ai envie de m’installer, mais c’est par rapport à l’argent du marché. Comme le prix est un peu élevé, là, si on n’a pas l’argent où on va aller, nous-mêmes, on se demande ça même », explique-t-elle.
Depuis un an et demi, le site alterne des périodes d’ouverture et de fermeture pour les inscriptions, désarçonnant les commerçants qui peinent à obtenir la bonne information. Touré Namméssé vend des légumes et des ingrédients pour les sauces. « Oui, on a déjà la patente, il reste maintenant la demande en ligne, on nous demande d’essayer plus tard, parce qu’il y a plusieurs demandes en ligne. (Ils disent que) on ne peut pas traiter tout ça en même temps. On dit de patienter, c’est saturé », indique-t-elle.
Au moins 5 570 commerçants ont déjà sécurisé un emplacement, c’est le cas de Fadiga Mariam, commerçante de friandises. « J’ai eu un rendez-vous, j’ai respecté le rendez-vous, j’ai payé le premier versement », dit-elle.
Le grand marché de Bouaké devrait ouvrir ses portes à la fin de l’été 2024 et deviendra une importante source de financement pour la mairie de Bouaké, maîtresse d’ouvrage sur ce projet.