« Bonjour les agriculteurs du Sénégal ! »
« Nous n’avons pas d’engrais ici à Kédougou, nous attendons toujours. »
Ces messages rythment désormais les groupes WhatsApp d’agriculteurs au Sénégal. Des vocaux partagés dans les langues locales comme le wolof ou le pulaar sont utilisés quotidiennement par les agriculteurs sénégalais. « C’est très important de mettre un vocal, le producteur pourra le lire. Même les informations d’actualité agricoles dans le développement rural », vante Niemna Diahite, productrice de maïs et membre de plusieurs groupes WhatsApp de producteurs.
Les agriculteurs se tiennent aussi au courant des conditions climatiques, avec par exemple les bulletins météo de l’ONG Jokalante qui sont partagés dans ces groupes. Ils peuvent également se prévenir en cas d’arrivée d’espèces invasives. « L’exemple qui circule le plus, ce sont vraiment les informations sur les biopesticides, constate Absa Mbodj, coordinatrice de la Dytaes (Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal), une plateforme multi-acteurs qui anime plusieurs groupes WhatsApp pour les agriculteurs intéressés par l’agroécologie. Les modes de préparations sont issus de produits accessibles à tous les producteurs (feuilles de neem, de haie, du savon, du piment…) Le fait de partager des notes vocales sur la préparation de ces biopesticides, ça, c’est une pratique répandue et qui circule vite. »
Certains membres partagent aussi des vidéos de leurs récoltes ou demandent de l’aide quand ils ont du mal à écouler leurs stocks comme cette cultivatrice de gombos : « Le marché pose problème. On en est à notre troisième récolte. »
Pour Raphaël Belmin, agronome au Cirad, l’utilisation des messages vocaux vient améliorer un maillage territorial défaillant : « Au Sénégal, les services de vulgarisation n’ont pas les capacités de toucher tous les paysans. Sur un ratio d’un agent de vulgarisation pour 10 000 paysans. En plus, ces services sont sous-dotés, ils n’ont souvent pas les moyens d’aller sur le terrain. »
Un dernier obstacle reste d’avoir un smartphone, ce qui pourrait créer des inégalités d’accès à l’information entre les agriculteurs qui ont et ceux qui n’en ont pas.