Le marché monétaire à Maurice peine à trouver son équilibre d’avant la pandémie. Les interventions historiques de la Banque centrale à hauteur de 3,8 milliards de dollars n’ont pas suffi. Les importateurs se plaignent en ce moment encore d’un manque de devises. La dépréciation de la roupie et d’autres facteurs rendent le marché instable.
Malgré les interventions répétées de la Banque de Maurice depuis la fin de la pandémie et la reprise économique, les industriels mauriciens font face à un problème persistant de manque de devises. Un importateur historique, préférant rester anonyme, nous confie : « Je continue à faire la tournée des banques pour obtenir des devises. »
Cette réalité intrigue l’économiste Rajiv Hasnah : « Nous sommes plutôt perplexes face à cette situation de pénurie de devises qui persiste trois ans après la Covid, malgré la reprise assez considérable du secteur touristique, l’amélioration dans le secteur textile depuis avant le Covid, la stabilité du secteur financier et la performance continue dans le secteur agricole. »
Quelles sont les raisons de ce déséquilibre sur le marché des devises ? Pour de nombreux analystes, l’intervention massive de la Banque de Maurice pendant la pandémie y est pour quelque chose. La Banque centrale a puisé plus de 3 milliards de dollars (140 milliards de roupies) dans ses réserves stratégiques pour soutenir l’économie mauricienne, c’est l’équivalent de 20% du produit intérieur brut de l’île.
« Le marché des devises est dynamique »
En parallèle, elle n’a pas cessé d’alimenter le marché en devises. « Depuis le début de la pandémie, la Banque de Maurice a vendu environ 3,8 milliards de dollars dans le but de stabiliser le marché des changes », explique Waësh Khodabocus, directeur par intérim du département de la stabilité financière et de la gestion des risques de la Banque de Maurice.
À la question de savoir pourquoi les importateurs se plaignent toujours d’un manque de devises malgré l’intervention de la Banque de Maurice, Waësh Khodabocus répond : « Le marché des devises est dynamique, des fluctuations au niveau des volumes des devises sont tout à fait normales. Nous interviendrons certainement chaque fois que les conditions du marché des changes l’exigeront. »
Restaurer la confiance dans la roupie mauricienne
Cette année, la Banque de Maurice a injecté 60 millions de dollars sur le marché et a officiellement exhorté les 17 banques locales à ne pas rajouter à la spéculation.
Deux autres facteurs compliquent la situation : la roupie a glissé de plus de 30% en trois ans par rapport à la monnaie américaine et le taux d’intérêt est légèrement inférieur à celui du dollar (4,5% contre plus de 5%). La Banque de Maurice indique aussi que la demande de devises est forte en ce moment, car les importateurs renforcent leurs stocks en fin d’année.
De leur côté, les économistes appellent le régulateur à restaurer la confiance dans la roupie mauricienne.